samedi 25 juillet 2009

Le marais ou le cycle de la vie

Le marais

Le marais toujours attire et inquiète.
On peut en faire le tour mais jamais y pénétrer.
Il nous donne à voir les reflets gris et blancs des nuages dans les aplats d'eau entre les herbes, monde flottant d'où émerge parfois l'élégance blanche d'une aigrette garzette.
De l'enchevêtrement des joncs nous parvient parfois le gloussement d'une foulque, on ne saura jamais ce qu'elle fricote dans le froissement des feuilles. On n'en saura pas plus sur l'envol caquetant d'un canard. Le marais garde ses secrets.
On peut le photographier entre les branches des peupliers mais y accéder, jamais.
Aujourd'hui les hirondelles volent au ras des roseaux et la pluie fait des ronds dans les flaques. Qui s'avancerait s'enliserait dans ce terrain mouvant de sédiments. Inaccessible aux humains, le marais est d'une autre solitude.
Ecrire le marais demande une longue patience. Impossible à circonscrire, il préfère le silence.
On devine sous l'eau dormante les matières en putréfaction, odeur fade de la mort lente dans la pâleur du palud.
Mort des mots usés jusqu'à la corde, mort des vieux sentiments délavés qui se dissolvent dans l'eau du marais.
Le marais ne pose pas de questions, il sait. De la mort naît la vie, il n'a pas de regrets.
Dans le secret de son immobilité la vie fermente en somnambule.
Du marais naît la libellule.

Marais de Kerderff, An Arvor, 2007, extrait de L'Empreinte des cygnes.

1 commentaire:

  1. Bonjour Mireille et merci pour ce magnifique poème qui parle à mon coeur. Tes marais de Kerderff font échos aux marais de Mousterlin qui me sont si chers. Et c'est vrai : Ecrire le marais demande une longue patience mais que tu as sû si bien résumer. Bouchigoù
    Géraldine

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