jeudi 29 octobre 2009

"Ecrire, dit-elle", dans Spered gouez, une parmi 37

Voici ma modeste contribution à "la preuve par 37", comme l'a joliment écrit Jérôme Gazeau dans Ouest-France. Le deuxième texte est déjà sur le blog.  Je sollicite les 36 autres, envoyez-moi vos textes en commentaires pour que je puisse les publier.




Ecrire, dit-elle.


 

Faire comme si

c'était facile

encre rose et arabesques.


 

Mais oser

plonger dans les failles

creuser

farfouiller dans les broussailles

les entrailles

interroger les viscères

éviscérer les colères

exhumer les vieux sentiments

explorer les sédiments.

Et courir le risque

de rencontrer

un scarabée noir

une absence oubliée

une sœur effacée

une douleur enkystée.


 

Je préfère

parler aux pierres

contempler la mer amoureuse

la mouette hasardeuse.


 

Je préfère broder des mots bleus

sur le tissu blanc des chimères

tricoter la vie qui s'écoule

une maille à l'endroit

une maille à l'envers

la vie qui s'écoule

qui s'écoule

la vie qui…

la vie…






L'Esprit sauvage / Spered gouez: Femmes en littérature est sorti

Grâce au travail assidu de Marie-Josée Christien et du Centre Culturel Egin, le hors-série annoncé est sorti à temps pour le salon du livre de Carhaix. De la belle ouvrage, de haute tenue, et qui mérite d'être lu et diffusé au-delà de la Bretagne. Je l'aurai sur mon stand au salon du livre de Riantec le dimanche 15 novembre.



 


lundi 26 octobre 2009

Sorj Chalandon chante la blanche hermine

La légende de nos pères de Sorj Chalandon fait partie de la sélection de l'Académie Goncourt. J'ai été amenée à le lire puisqu'en tant que professeur de lettres, je fais participer ma classe au Prix Goncourt des lycéens. Je ne connaissais rien de l'auteur, j'avoue mes lacunes. A la lecture, j'ai été rapidement happée par la voix de l'auteur, une voix poétique, en filigrane entre les mots, une écriture de poète qui parle directement à l'esprit et au coeur. Voici un extrait, p. 58, qui touchera tous les cueilleurs de mots :
"Je marche parfois la nuit pour recueillir un mot. J'ai regardé le ciel au-dessus de la grand-place. Un ciel de juin avant l'orage. Je me suis demandé si je pouvais écrire le ciel sans autre mot que ciel. Comment décrire cet état de lumière. Comment approcher l'évident, le simple, des feuilles qui frissonnent.Parce qu'écrire "frissonner", c'est déjà s'éloigner de la feuille. Elles ne frissonnent pas, les feuilles. Elles font autre chose que ce qu'en dit le vent. Elles ne bougent pas, ne remuent pas, ne palpitent pas, elles feuillent, elles font leur bruit sans autre mot, et le ciel, il nuage."
Je n'en dis pas plus sur le livre, on trouve suffisamment de commentaires et de vidéos sur internet. Je n'ai qu'un conseil à donner : lisez-le!
Le 16 octobre, me voilà à Nantes avec mes élèves et bien d'autres pour rencontrer quatre auteurs, dont Sorj Chalandon. Il "entre en scène", si on peut dire, en chantant "la blanche hermine" de Gilles Servat. Surprise et émotion! On est loin du microcosme culturel parisien auquel nos sommes trop habitués. Et ses réponses aux questions des élèves furent d'une sincérité telle que l'émotion l'a envahi, visiblement incontrôlée, jusqu'aux larmes, émotion vécue à l'unisson par trois-cents jeunes et quelques adultes (dont moi!).
Plus tard, j'ai compris, une partie de son coeur est en Irlande où il était envoyé spécial, une partie de sa vie, une grande douleur, qu'il évoque dans son précédent roman, Mon traitre.
Merci Sorj pour ce grand moment d'humanité et de poésie!