lundi 22 juillet 2013

Lecture de "Terminus Pondichéry" d'Hubert Huertas



J’aime bien que les livres viennent à ma rencontre. Profitant de la chaleur inespérée de cet été breton, je déambule entre les rayons de la médiathèque de Larmor et me laisse guider par le hasard. Le nom de Pondichéry dans le titre attire mon regard, forcément, et le nom de l’auteur ne m’est pas inconnu : Hubert Huertas. Je sais que je l’ai déjà entendu à la radio à l’heure du petit-déj., pour des chroniques spicy, des trucs qui réveillent.*

Pondi, j’y suis allée trois fois, la première parce que mon fils s’y est marié, au consulat, avec une Parisienne tamoule d’origine pondichérienne ;


 la troisième cet hiver 2013, j’y ai séjourné dix jours avant d’aller au Kerala. J’ai arpenté la ville à pied dans tous les sens, du sud au nord et d’est en ouest, de la cathédrale à la mosquée, de l’ashram Aurobindo au temple de Ganesh, surtout le vendredi soir quand l’éléphante Lakshmi donne sa bénédiction. 


C’est dire si je connaissais le décor du roman qui met en scène des personnages avant et après la transmission de Pondichéry à l’Inde, des années cinquante aux années soixante. Les lieux sont décrits avec une exactitude telle que je me suis revue marchant le long du front de mer ou m’asseyant au frais près de la tombe fleurie de l’ashram avant d’aller dire bonjour à Ganesh, le dieu des poètes. J’étais là-bas en lisant ce roman dans la chaleur de l’été, avec Nanda l’intouchable, qui attend dans son cyclopousse au pied de la statue de Ghandi, 


qui transporte les malades à l’hôpital, les deux médecins, le Français et le Tamoul, leur femme et leurs enfants et qui devient le fil conducteur entre les personnages. Nanda qui apprend à lire et à écrire, qui pense pouvoir sortir de sa caste entre la France prônant l’égalité, du moins le croit-il, et l’Inde moderne qui se voulait progressiste, en théorie. Nanda le témoin et l’acteur d’amours croisées et interdites, entre « blancs » et « noirs », entre riches et pauvres.

Le roman est construit comme un thriller qu’on ne lâche pas mais surtout à travers les destins des personnages, on découvre comment les habitants de Pondichéry ont dû choisir « l’Option » comme on joue sa vie aux dés, la France ou l’Inde, « un séisme humain » comme le dit l’auteur. J’ai enfin compris pourquoi la mère de ma belle-fille, qui vit en Inde une bonne partie de l’année (après avoir passé trente ans à Paris, son mari ayant travaillé à la SNCF), n’a pas la double nationalité : cette option-là n’a pas été offerte. Elle est donc française avec visa indien permanent. Ce que je sais aussi pour avoir lu un reportage dans Le Monde, c’est que les Français tamouls restés à Pondichéry, sont complètement abandonnés de la France, et finissent tristement leur vie dans la misère.

Le plaisir que j’ai pris à lire ce roman d’Hubert Huertas, c’est aussi le style, une écriture comme j’aime, nerveuse, qui ne mâche pas ses mots, c’est aussi une plongée dans le monde des années soixante avec l’apparition des Beatles, par exemple, souvenirs, souvenirs…



Extrait : (1960)



Pondichéry, le monde s’en foutait pas mal. C’était trop minuscule. La France était happée par la guerre d’Algérie, devenue l’emblème de la révolte universelle. Cette guerre avait commencé le 1er novembre 1954, le jour où les derniers comptoirs avaient été rendus. Elle finirait avec l’Option, ouverture des dossiers le 26 août 1962, fermeture le 15 février 1963. Personne ne se souciait de cet anachronisme, ni à Paris, ni à Delhi, ni à l’ONU. Les crispations locales ne pesaient rien face aux convulsions d’Alger, le putsch, le quarteron de généraux félons, le général de Gaulle, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Yves Montand, Simone Signoret, Paris, Moscou, les pays émergents…





Terminus Pondichéry. Hubert Huertas. Presses de la cité, production Jeannine Balland, 2006.



* Sur France-Culture et France Musique vers 8h05

samedi 20 juillet 2013

Bienvenue à Kahel, nouvelle revue de littérature de voyage

Je tiens à saluer la naissance de la revue Kahel, à l'initiative de Karim Cornali, poète et voyageur. Il souhaite ainsi combler un manque : une littérature de voyage qui aille plus loin que le simple compte-rendu, qui transmette une vision poétique du monde.



Extrait de l'éditorial du numéro 1 : « Kahel est une revue qui recherche des auteurs dont la qualité du style ne se trouve pas dans la plupart des revues et magazines orientés voyage et aventure de la grande distribution… […] Je fais appel aux voyageurs au long cours et aux promeneurs du dimanche, à ceux dont l’âme, en perpétuel mouvement, nous délivre un regard unique sur le monde, … »
On peut lire le texte entier sur le blog de la revue :  http://kahelrevue.overblog.com/ (voir aussi dans les liens sur ce blog)
Pour en savoir plus sur le revuïste, voir son blog perso :  http://kahelrevue.overblog.com/