lundi 26 octobre 2009

Sorj Chalandon chante la blanche hermine

La légende de nos pères de Sorj Chalandon fait partie de la sélection de l'Académie Goncourt. J'ai été amenée à le lire puisqu'en tant que professeur de lettres, je fais participer ma classe au Prix Goncourt des lycéens. Je ne connaissais rien de l'auteur, j'avoue mes lacunes. A la lecture, j'ai été rapidement happée par la voix de l'auteur, une voix poétique, en filigrane entre les mots, une écriture de poète qui parle directement à l'esprit et au coeur. Voici un extrait, p. 58, qui touchera tous les cueilleurs de mots :
"Je marche parfois la nuit pour recueillir un mot. J'ai regardé le ciel au-dessus de la grand-place. Un ciel de juin avant l'orage. Je me suis demandé si je pouvais écrire le ciel sans autre mot que ciel. Comment décrire cet état de lumière. Comment approcher l'évident, le simple, des feuilles qui frissonnent.Parce qu'écrire "frissonner", c'est déjà s'éloigner de la feuille. Elles ne frissonnent pas, les feuilles. Elles font autre chose que ce qu'en dit le vent. Elles ne bougent pas, ne remuent pas, ne palpitent pas, elles feuillent, elles font leur bruit sans autre mot, et le ciel, il nuage."
Je n'en dis pas plus sur le livre, on trouve suffisamment de commentaires et de vidéos sur internet. Je n'ai qu'un conseil à donner : lisez-le!
Le 16 octobre, me voilà à Nantes avec mes élèves et bien d'autres pour rencontrer quatre auteurs, dont Sorj Chalandon. Il "entre en scène", si on peut dire, en chantant "la blanche hermine" de Gilles Servat. Surprise et émotion! On est loin du microcosme culturel parisien auquel nos sommes trop habitués. Et ses réponses aux questions des élèves furent d'une sincérité telle que l'émotion l'a envahi, visiblement incontrôlée, jusqu'aux larmes, émotion vécue à l'unisson par trois-cents jeunes et quelques adultes (dont moi!).
Plus tard, j'ai compris, une partie de son coeur est en Irlande où il était envoyé spécial, une partie de sa vie, une grande douleur, qu'il évoque dans son précédent roman, Mon traitre.
Merci Sorj pour ce grand moment d'humanité et de poésie!

2 commentaires:

  1. Mireille,
    L'émotion était aussi sur scène, dans le silence des regards devinés. C'est moi qui vous remercie, pour, chaque jour, donner à ces lycéens l'arme et la beauté de la lecture.

    Sorj Chalandon

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  2. Merci de nous avoir transportés à Nantes. Nous avons aussi été envahis d'émotion par ton récit magnifique et plein de sentiments.
    Merci Sorj et Mireille pour "ce grand moment d'humanité et de poésie. Nous lirons "La légende de nos pères", de Sorj Chalandon.
    E. et G.

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