
Le Talabarder
Les deux pieds ancrés au profond de la terre
la bombarde fièrement dirigée vers le ciel
dès qu'il pince de ses lèvres l'anche de roseau
un grand souffle parcourt feuilles et fougères.
surgit un air venant du fond des siècles
quand Taliesin chantait le vent et le combat des arbres.
Il souffle dans sa bombarde
accompagné du biniaouer
et s'embrase la prairie au crépuscule
et moutonne la mer des coiffes blanches
et serpente la grande chaîne dans la nuit.
Il sonne un air de gavotte du pays pourlet
et les pieds des danseurs martèlent la terre
il sonne et la danse devient transe
le cercle se resserre autour des braises
il sonne et dansent en rond les sorcières autour du chaudron de Keridwen.
Il sonne et le grand chêne se souvient des rituels anciens
du temps où le druide transmettait le chant en douze séries
à l'enfant qui apprenait par cœur les mystères de l'univers.
Il sonne et l'air vibre accordé aux étoiles
il sonne et je danse hors de l'espace et du temps…
En mémoire d'Albaud Le Liboux, sonneur de Languidic.( † 1955)
Extrait de L'Empreinte des cygnes, éd. Chemins bleus.
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