jeudi 12 avril 2012

Note de lecture de Pierre Tanguy


(Pierre Tanguy est poète et a été journaliste à Ouest-France Rennes. Il continue à écrire des chroniques concernant la poésie.)

Mireille Le Liboux et sa « géopoétique »


   
     Elle vit dans le pays de Lorient, voyage dans sa tête, mais aussi sur le littoral morbihannais ou dans les îles bretonnes. « La figure du dehors »  - pour reprendre le titre d’un essai de Kenneth White - c’est l’affaire de Mireille Le Liboux.
     Dans son nouveau recueil, elle nous parle des pierres, aussi bien des pierres dressées par les hommes préhistoriques que des pierres glanées sur la côte (« Au fond de ma poche/voyage avec moi/le petit galet rose »). Elle trouve auprès de ces pierres – plus qu’auprès des humains – une forme de consolation. Mireille Le Liboux partage leur destinée au point d’écrire : « Quand mon corps aura fini son usage/rendez-moi à la terre/pour accompagner la pierre/dans sa danse d’éternité ».

     L’auteure morbihannaise se rattache à cette veine d’écriture qualifiée par Kenneth White de « géopoétique ». Dans un précédent ouvrage, « L’empreinte des cygnes » (mêlant prose et poésie, un peu à la manière du haïbun japonais), elle nous faisait pénétrer dans son univers, « comme s’il fallait retrouver un fil de vie qui n’aurait pas de limite dans le temps, depuis la préhistoire ou plus loin, le fil perdu de la présence au monde ». Et elle confiait : « J’ai la sensation que c’est là qu’il faut creuser ».

     Nous voici donc, sur ses pas, à Groix, Houat, Ouessant, et dans tous ces territoires d’Extrême-Occident. « La terre crie sa souffrance, note-t-elle, ici le silence permet de l’entendre ». Mais le poète est là, aussi, pour « s’étonner du bourdonnement des insectes au printemps, de l’abondance des huîtres sauvages ». Nous voici, également, de plain-pied, dans les textes de ses auteurs de chevet : Tchouang-Tseu, Sôseki, Bashô, Li Po… (que Mireille Le Liboux cite au fil des pages). Car de l’Extrême-Occident  à l’Extrême-Orient, il n’y a qu’un pas. C’est la littérature qui le lui fait franchir, au nom de la « fraternité des adeptes du monde ouvert ».
                                           
                                                                                           Pierre TANGUY.

La consolation des pierres, Mireille Le Liboux, Bleu de mer, 2012, 40 pages, 8 euros.
L’empreinte des cygnes, Mireille Le Liboux, Les Chemins bleus, 2008 (réédition 2009), 156 pages, 15 euros.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire