(Pierre Tanguy est poète et a été journaliste à Ouest-France Rennes. Il continue à écrire des chroniques concernant la poésie.)
Mireille Le Liboux et sa
« géopoétique »
Elle vit dans le
pays de Lorient, voyage dans sa tête, mais aussi sur le littoral morbihannais
ou dans les îles bretonnes. « La figure du dehors » - pour reprendre le titre d’un essai de
Kenneth White - c’est l’affaire de Mireille Le Liboux.
Dans son nouveau
recueil, elle nous parle des pierres, aussi bien des pierres dressées par les
hommes préhistoriques que des pierres glanées sur la côte (« Au fond de ma poche/voyage avec moi/le petit galet rose »).
Elle trouve auprès de ces pierres – plus qu’auprès des humains – une forme de
consolation. Mireille Le Liboux partage leur destinée au point d’écrire : « Quand mon corps aura fini son
usage/rendez-moi à la terre/pour accompagner la pierre/dans sa danse
d’éternité ».
L’auteure
morbihannaise se rattache à cette veine d’écriture qualifiée par Kenneth White
de « géopoétique ». Dans un
précédent ouvrage, « L’empreinte des cygnes » (mêlant prose et
poésie, un peu à la manière du haïbun japonais), elle nous faisait pénétrer
dans son univers, « comme s’il
fallait retrouver un fil de vie qui n’aurait pas de limite dans le temps,
depuis la préhistoire ou plus loin, le fil perdu de la présence au
monde ». Et elle confiait : « J’ai
la sensation que c’est là qu’il faut creuser ».
Nous voici donc,
sur ses pas, à Groix, Houat, Ouessant, et dans tous ces territoires d’Extrême-Occident. « La
terre crie sa souffrance, note-t-elle, ici
le silence permet de l’entendre ».
Mais le poète est là, aussi, pour « s’étonner
du bourdonnement des insectes au printemps, de l’abondance des huîtres
sauvages ». Nous voici, également, de plain-pied, dans les textes de
ses auteurs de chevet : Tchouang-Tseu, Sôseki, Bashô, Li Po… (que Mireille
Le Liboux cite au fil des pages). Car de l’Extrême-Occident à l’Extrême-Orient, il n’y a qu’un pas. C’est
la littérature qui le lui fait franchir, au nom de la « fraternité des adeptes du monde ouvert ».
Pierre TANGUY.
La consolation des
pierres, Mireille Le Liboux, Bleu de mer, 2012, 40 pages, 8 euros.
L’empreinte des
cygnes, Mireille Le Liboux, Les Chemins bleus, 2008 (réédition 2009), 156
pages, 15 euros.
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