samedi 20 mars 2010

C’était avec J.L. Raharimanana à Pont-Aven


Ouest-France / Bretagne / Concarneau / Pont-Aven / Archives du mardi 16-03-2010

Une matinée poétique à la maison de la presse - Pont-Aven

mardi 16 mars 2010

 
On a parlé poésie samedi à la maison de la presse. Jean-Luc Raharimanana et Mireille Le Liboux, poètes, ont donné rendez-vous aux lecteurs pour une séance de dédicace, dans le cadre du 5 e festival de la parole poétique : Za et Fragments de cauchemars et autres fulgurances de gecko, par Jean-Luc Raharimanana, et L'empreinte des signes, par Mireille Le Liboux.
Si Za raconte l'histoire d'un personnage qui a tout perdu, obsédé par la mort de son enfant, Fragments de cauchemars et autres fulgurances de gecko est un texte plus engagé au travers d'une soixantaine de fragments. Comment voit-on le monde lorsqu'on habite dans un pays très pauvre, à l'image de Madagascar, et qu'on regarde de là-bas l'Occident riche bien qu'en crise ?
Jean-Luc Raharimanana a répondu au metteur en scène, Thierry Bedard. Une vingtaine de fragments ont donné naissance à une pièce jouée au festival d'Avignon en 2009 et les autres s'accumulent dans un recueil en cours.
L'empreinte des signes est une sorte de journal poétique et, sur un principe plutôt oriental, un cheminement intérieur. On y trouve des poèmes sur les paysages de Bretagne-Sud, où l'homme retrouve sa place au sein de la nature. L'auteur dédicacera avec Valérie Rabin, dans une librairie lorientaise, Quand les livres s'ouvrent, le vendredi 26 mars à 18 h.

dimanche 14 mars 2010

La porteuse de livres


Je n'ai pas connu René Rougerie mais le hasard a fait que je me suis retrouvée porteuse de son dernier livre, Xavier Grall, Œuvre poétique, à la soirée où il devait le présenter. C'était à Querrien, dans le Finistère, où Yvon Le Men rendait hommage à Xavier Grall, « l'homme qui habitait son nom », dans le cadre du Festival de la Parole Poétique. Mercredi 10 mars le directeur du festival, Bruno Geneste, m'a avertie que l'éditeur était hospitalisé, et m'a demandé, vu que j'habite près de Lorient, si je pouvais prendre les livres à la librairie de Lorient, L'Imaginaire, où ils les avaient déposés et où il avait eu un malaise. Malgré un petit souci de santé, rien de grave, juste ce qui vous met le cerveau en capilotade et vous donne juste envie de rester sous la couette plutôt que de parcourir les routes de campagne du Finistère, la nuit, je ne pouvais refuser ce service, en tant qu'invitée et bénévole du festival.

Me voilà donc en quête des livres jeudi matin, après mes cours au lycée. Là, on m'apprend qu'il n'y en a qu'une partie, ceux pour Yvon sont chez G., poète éditée depuis toujours chez Rougerie, et larmorienne comme moi. Toute la journée, je cherche à la contacter, nos mails et messages téléphoniques s'entrecroisent sans succès, quand l'une est là, l'autre est absente. La fatigue aidant, je renonce, quand finalement, nous arrivons à nous joindre : elle me propose de venir me porter les livres chez moi, finalement je passerai les prendre chez elle en partant à Querrien.

Il faisait un vent froid de Sibérie à vous faire mourir sur place rue de la Marine, les oies bernaches qui hibernent dans l'anse de Kernevel s'en souviennent encore. Je trouvai là Olivier Rougerie, que je ne connaissais pas non plus, qui me proposa de prendre aussi des cartons de livres pour Madame Grall. C'est ainsi que les cartons passèrent de la fourgonnette aux 500 000 kms, dont j'ai appris depuis qu'elle était mythique, au coffre de mon véhicule et que j'arrivai, demi-malade mais triomphante à Querrien, où chacun put récupérer son lot de livres.

Selon les informations, l'état de santé de René Rougerie semblait satisfaisant, c'est pourquoi Yvon Le Men parla avec légèreté de son malaise à la librairie L'Imaginaire, tout un symbole, et nous offrit une belle soirée en faisant revivre avec émotion et sensibilité Xavier Grall, soirée que j'aurais manquée sans cet enchaînement de circonstances. Quelques heures plus tard, dans la nuit, René Rougerie partait au royaume de l'éternelle jeunesse, l'esprit tranquille, sûr d'avoir fait sa part sur terre.

Ce n'est que le samedi 13 que j'ai appris par le journal qu'il avait tiré sa révérence.

Je ne l'aurai pas connu, mais j'aurai fait ma modeste part, porteuse de son dernier livre, porteuse de ce fil invisible mais ininterrompu entre Xavier Grall, René Rougerie, Yvon Le Men, Bruno Geneste…

Le 14 mars 2010, Mireille Le Liboux

Décès de René Rougerie : site de Guy Allix


René est décédé dans la nuit du 11 au 12 mars. En plein printemps des poètes, il est mort un peu comme Molière sur le lieu de sa passion puisque c'est en effet dans une librairie (« L'imaginaire » à Lorient) qu'il a été pris d'un malaise.
Il est mort aussi dans cette Bretagne qu'il aimait et où il allait si souvent sur les pas d'un Saint Pol Roux pour qui il avait tant travaillé.
Il a achevé son œuvre avec la publication d'un dernier Saint Pol Roux et des œuvres complètes de Xavier Grall.
Depuis la publication des Cantilènes en gelée du grand Boris, René n'a cessé de travailler et de défendre cette poésie qu'il aimait tant. Avec son fils Olivier depuis trente ans.
62 années d'un travail acharné, nourri de la force de la seule passion.
62 années de combat, de résistance, d'intransigeance et d'une belle indépendance.
René surtout a toujours su rester intègre. Et cela est bien rare dans le monde des lettres.
Et plus qu'un éditeur patient, attentif et sans complaisance, René savait être l'ami de ceux qu'il publiait. Combien d'entre eux ont pu fréquenter le jardin de Mortemart où la table était toujours ouverte !
Combien René a pu donner à ses amis !
Beaucoup de poètes sont aujourd'hui orphelins.
 Mais il reste l'œuvre qui bat quand le cœur s'est arrêté.
Il reste cette parole de tous ceux qui dès maintenant vont contribuer à faire pleinement connaître celui qui reste finalement un grand éditeur.
Nous voudrions leur donner ici-même la parole sur le site de quelqu'un qui doit tant à René Rougerie. Ce en attendant que les revues fassent leur travail de reconnaissance.
Enfin on ne doit pas oublier l'immense et beau catalogue de René. C'est en lisant les livres Rougerie qu'on continuera à le faire vivre ici et maintenant.
« Je publierai donc tout ce que j'aime. Revendiquant même le droit de me tromper. Refusant toutes les étiquettes, ne me laissant enfermer dans aucun système. Capable d'aimer aussi bien une poésie lyrique que celle concise où chaque mot porte son poids. »
Lire : René Rougerie site Guy Allix


samedi 13 mars 2010

Le fort du Loc'h à Guidel dans « Interventions à Haute Voix » n 45


De l'ombre à la lumière

 
Sur la route côtière lorientaise, entre le Fort-Bloqué et le Bas-Pouldu (ou le trou noir en breton), le Fort du Loch, est posé sur la lande, face à l'océan. Dans L'Amour fou, André Breton, évoque une promenade sur cette côte avec sa compagne, le 20 juillet 1936, et le malaise angoissant ressenti aux alentours du sinistre bâtiment. De retour chez les parents, à Lorient, la conversation s'oriente, sans qu'ils aient évoqué cette triste promenade, vers le crime commis en 1933 par le propriétaire de l'époque : Michel Henriot, éleveur de renards argentés, tua sa femme et fut condamné aux travaux forcés. Le poète surréaliste affirme que ces lieux à l'empreinte maléfique dégagent un «halo » ainsi que Cézanne a voulu le peindre avec La maison du pendu.
Ce petit fort construit au dix-huitième siècle pour protéger le port de Lorient des attaques anglaises, n'a jamais eu à remplir cette fonction. Mais il fut occupé par l'armée allemande pendant la dernière guerre, devenant partie intégrante du mur de l'Atlantique. La mort, la haine et la violence auront renforcé son aura déjà si sombre.
Quand je l'ai découvert à mon arrivée au Pays de Lorient, au début des années quatre-vingt, je lui trouvais un charme romantique et celtique à la Chateaubriand, vieux fort abandonné au milieu d'une lande rase battue par le vent d'ouest et les embruns. D'après ce qu'on m'a raconté, il servait surtout aux jeunes amoureux dans les années soixante, c'était un des rares endroits où ils pouvaient se cacher des parents. Beaucoup y ont laissé les souvenirs de leurs premiers flirts, les amours de jeunesse clandestines ayant fait fuir les fantômes sinistres des années noires.
Aujourd'hui, il est méconnaissable. Il a été entièrement rénové par l'actuel propriétaire, les murs sombres des deux corps de garde sont maintenant recouverts d'ocre jaune, face au soleil, beau contraste sur les dunes grises. L'espace enclos entre les murailles est tapissé d'une pimpante pelouse, le propriétaire fait pousser radis et salades dans deux jardins microscopiques et jumeaux, le long des deux bâtiments symétriques.
Les dunes alentour, ainsi que le marais, le loch, sont une zone protégée où poussent une orchidée, l'epictatis des marais, le raisin de mer, le géranium sanguin, l'immortelle des sables, le panicaud, et où on trouve une libellule rare, l'agrion de Mercure.
Tous les étés, une grande salle accueille des expositions de peinture exceptionnelles. L'exposition de l'été 2009 est consacrée au peintre Jean Couliou (1916-1995). Les cimaises sont accrochées dans un des deux bâtiments du corps de garde, sur deux étages en mezzanine. Dès l'entrée, on est nimbé par l'impression d'espace, on est enveloppé par un bain ouaté de lumière, celle qui vient des fenêtres au soleil d'ouest, et celle qui émane des tableaux. Sur cette grande toile, un marais salant : le peintre sculpte le noir pour capter chaque particule lumineuse, puis saupoudre cette matière noire de pépites de lumière. Il spiritualise la matière, exprime « l'or du temps » que cherche toujours André Breton, et qui émane aujourd'hui de l'esprit des vieux murs.

 
Le Fort du Loch, juillet 2009
Mireille Le Liboux
© Interventions à Haute Voix n°45, 2010.

samedi 6 mars 2010

Commentaire de l’Institut de géopoétique


Voici le message reçu du coordonnateur de L'Institut International de Géopoétique, fondé et présidé par Kenneth White :

Mireille n'en est pas à son coup d'essai ! Je vous conseille de lui demander son livre "L'empreinte des cygnes" qui aurait probablement gagné à être fragmenté tant la matière géopoétique y est riche et où elle tente, entre autres motivations, d'écrire la lumière qui passe… de peindre le passage, plutôt que l'être… en se situant dans la perspective de différentes îles (Île-aux- Moines, Houat, Houëdic, Ouessant…)


 

Tiens ! par exemple :


 

" Le paysage est


 

maritime

océanique

de sable et d'eau

vu de la rive, c'est une île.


 

Le paysage est…


 

Fragments liquides entre mes doigts, aquarelle diluée, traces effacées, le pays d'origine est illisible. Peut-on se fier au rocher, à la vague ? Aux montagnes figurées à l'horizon du couchant ?


 

L'hiver brille derrière la vitre, lance un appel


 

Cavalier blanc, poète guerrier, fourbi tes armes, prépare ton sac, il est temps d'ouvrir des chemins nouveaux, de sortir des sentiers douaniers. On voudra toujours te surveiller, te contrôler, te taxer à la frontière. Tiens-toi toujours à la lisière. Déguise-toi en homme ordinaire.


 

Voyage dans les forêts primaires et dans les roches du quaternaire, visite tous les états. Fie-toi aux impressions premières, ne néglige aucune trace, aucun signe.

Peut-être verras-tu parfois, par éclairs, se déchirer le voile.

Et puis, peut-être

de fragment en fragment

de signe en signe

tu sentiras comme une blancheur

se tisser

dans le silence de l'être."


 

C'est écrit sans fioritures… Avec une authenticité indéniable. Et cela me semble contribuer à l'augmentation de la méthode géopoétique. …Que chacun ajoute ainsi sa pierre à l'édifice au sein de l'e-group de l'Institut !


 

J'en ai parlé aux gens d'Ouessant…


 

FR, coordinateur de l'Institut International de géopoétique