jeudi 27 août 2009

La littérature et l'estomac

La Littérature à l'estomac de Julien Gracq (1950) et La Littérature sans estomac de Pierre Jourde (2002) fustigent l'indigence d'une littérature à la mode dans les médias que Kenneth White classerait dans la "médiocratie".
Ces deux titres sont dans la métaphore. Plus prosaïque, le philosophe chinois qui vivait aux Etats-Unis, Lin Yutang rappelle avec humour que philosophes et poètes, aussi haut que plane leur esprit, ont un estomac et des dents dont ils dépendent en premier lieu :
"Tant pour les métaphysiciens raffinés qui disent que les dents appartiennent au diable, que pour les néoplatoniciens qui nient que les dents individuelles existent, j'ai toujours un grand plaisir à voir un philosophe qui souffre d'une carie, ou un poète optimiste qui souffre de dyspepsie. Pourquoi ne continue-t-il pas ses dissertations, et porte-t-il la main à sa joue, juste comme vous ou moi, ou la voisine, le ferions? Et pourquoi l'optimisme paraît-il si peu convaincant à un poète dyspeptique? Pourquoi ne chante-t-il plus? Qu'il est donc ingrat de sa part d'oublier les intestins et de chanter l'esprit quand les intestins vont bien et ne lui causent pas de soucis!" (L'importance de vivre, LIN Yutang, 1937, Picquier 2007)
Les biologistes ayant découvert des neurones dans le système digestif, on peut dire qu'on pense d'abord avec son ventre, d'où l'importance de bien nourrir le corps pour bien nourrir l'esprit.

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