J'ai pris la route pour la Vallée des saints un mardi, le 10 février 2015. La météo annonçait des éclaircies dans les côtes d'Armor. En fait, il faisait un temps de nord, une brume épaisse et glacée. D'autant plus que la vallée des saints n'est pas une vallée mais est situé sur une butte, ancienne motte féodale.
Toutes les informations sont sur le site :
Je suis arrivée en fin de matinée et suis allée me réchauffer et déjeuner au bar-restaurant-épicerie-bureau de tabac de Carnoët, le Ty Korn (ou la "maison du coin"). Cuisine familiale excellente, le même menu pour tout le monde, des ouvriers en bleu de travail au solide appétit viennent ici en habitués.
En sortant du restaurant, j'ai suivi les panneaux jusqu'à la chapelle Saint-Corentin, complètement perdue dans la campagne. On y accède par un chemin boueux, j'ai cru que j'allais m'embourber en faisant demi-tour, mais ça vaut la peine d'aller jusque-là.
En fait, j'avais hâte de voir les statues de nos saints bretons (pas souvent reconnus par l'église officielle) sculptées par le sculpteur indien de Mahabalipuram. J'avais lu son histoire racontée par un journaliste de Ouest-France: la rencontre avec une touriste bretonne en Inde, le coup de foudre... un vrai conte de fées.
Je me suis baladée deux fois là-bas, j'en ai même tiré un petit livre : Au pays où les chats font du yoga, titre inspiré du chat yogi de la célèbre fresque d'Arjuna's Penance.
Ce livre est épuisé mais je reprends tous les textes de mes quatre voyages en Inde pour en faire un nouveau livre avec une amie peintre, Nicole Cochereau-Guillemet qui a elle-même beaucoup voyagé dans ces parages. Restera à trouver un éditeur... (clin d’œil)
Le site jouxte une ferme, quelques vaches curieuses viennent voir l'arrivant (la vache est la mère de l'univers aussi bien chez les Celtes que chez les Hindous) :
Toutes les statues du site semblent vivantes, dressées face à la vallée comme des dieux anciens plus celtes que catholiques. Et n'oublions pas que Georges Dumézil, spécialiste d’ethnologie comparée, a bien démontré que celtisme et hindouisme sont proches au point d'avoir selon toutes probabilités une source commune lointaine, remontant aux confins des temps.
Aussi, que Hern ou Saint-Hernin, vu par Seenu Shamnugam, ait un faux air de Bouddha s'exprimant par un mudra de protection, ne le rend que plus sympathique et touchant, au pays où beaucoup de Bretons ont les yeux bridés... c'était mon cas quand j'étais jeune, on me prenait pour une asiatique.
C'est lui aussi qui a imaginé Saint-Efflam, ayant abandonné son amour Enora pour vivre en ermite et ramener la paix entre Irlande et Pays de Galles : dieu homme et femme, oiseau sacré, les rapprochements avec les dieux hindous sont assez tentants.
On lui doit aussi Arzhel :
Gwenn, justement, la sainte aux trois seins, est sculptée par Patrice Le Guen, c'est logique. Il a aussi logiquement participé à la statue de Guen.
C'est le même sculpteur qui a donné vie à Idi :
On croise beaucoup de saints sur cette butte battue par les vents. Finalement, j'ai apprécié le ciel brumeux pour la photo qui rendait plus doux les portraits et le froid qui avait découragé les promeneurs en début d'après-midi. C'est dans le silence de la nature qu'il faut déambuler parmi ce peuple de pierre.
Pour vous donner envie d'y aller, je vous laisse deviner : qui sont ces saints ? (Réponses sur le site, cf plus haut).
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Et cerise dans le tableau, en contrebas de la motte médiévale, nichée près d'une source sacrée, le site de Saint-Gildas :
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