lundi 27 janvier 2014

Vu de la plage de Toulhars à Larmor

Dès que le vent souffle, les surfeurs sont là...
(texte enregistré pour le n° 2 de la revue parlée Elaïg, à paraître prochainement en CD).

Le n° 1 est toujours disponible : http://emergences.onlc.fr/11-Revue-parlee-Elaig.html





Les mutants





Dès que le vent souffle sur la plage

dans l’eau glacée ils nagent

sur leur planche de polystyrène

face au large

ils attendent

dans leur peau de néoprène

la vague

crapauds noirs sur leur nénuphar blême



du matin au soir ils attendent

sous le soleil et sous la pluie

ils attendent pleins d’espoir

ils attendent la vague

la vague qui les portera

vers les gouffres

cataractant sous les cieux ultramarins

vers des rêves rimbaldiens



parfois par chance

l’un d’eux glisse, glisse

dauphin lisse

puis des deux bras

rame à nouveau

et attend plein d’espoir

la vague



pendant ce temps sur l’estran

elles ont à peine quatorze ans

par groupes de deux ou trois

face au large et cheveux au vent

elles contemplent

les yeux pleins d’étoiles

les étranges chevaliers noirs



sur la plage elles attendent

elles attendent

du matin au soir, elles attendent

sous le soleil et sous la pluie

elles attendent, pleines d’espoir

la métamorphose des crapauds noirs.


Mireille Le Liboux

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