Edouard Glissant
In memoriam et amor
Dans le bonheur de sa langue
je trouve le mien
et tous les moyens
d’ouvrir nos prisons et nos foules.
Traversant les couches d’apparences
avec lui un petit archipel
comme la surprise de l’amour
devient le monde.
Contre l’amer de la possession
sa flamme claire
dans sa voix le souffle d’une tendresse
sans impatience.
Dans ses mots-fleuves, le feu de la guérison
délie nos entraves
il faudra passer par son chant
pour penser du nouveau.
Et se rendre prêt par son absence
au bord extrême de cet amour
qu’il faut renommer rivière fugueuse
grève impeccable de virginité
aube calme, nuit de tambour et de lait,
.
Instant délicieux de l’éveil
entre deux crocs de silence
un seul regard – bref – qui englobe
trésor de lumière, rire d’oiseau,
avec un suspens total pour que cet amour
bravant les couvre-feux
se propage véloce comme une onde
aux confins de la terre entière.
Il nous dira toujours : Deviens le monde
dans la différence trouve les tiens
Invite toutes les langues
Fais advenir le monde, trouve les liens.
Répare le monde réel, ses lézardes
le monde rêvé celui qui vient
comme un désir d’infini
fais passer le mot, fais passer le chant.
Car le chant sillage de l’éveil traverse
les mers, les terres et les âges
nous donne le courage d’un autre exil
où l’on oublie la peur
où les mots qui voyagent
nous rendent la foisonnance du monde
comme celle de notre âme.
© Eve Lerner, Bretagne, Lorient, le 3/2/11
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