jeudi 26 août 2010

Ouessant


Partir, c'est se départir de soi, laisser un peu de ses identités, faire le vide au centre, déverrouiller les yeux et le cœur, accueillir la lumière qui passe, les sourires fugaces.

Partir pour une île, c'est sentir le souffle du vent.

Aventure.

Ouverture.

Dans le cercle de l'île, unité première, tu voyages, le visage au vent.

Attentif à la surprise, tu brises les frontières, dans le monde clos de l'île.

Dans Utopia, tu cherches le visage du voyage.


 

A Ouessant, impossible d'échapper au vent.

De l'occident à l'orient, Kornog¹ ouvre le monde à tous les vents.

L'île flotte à ras d'écume.

Force brute des éléments.

Mémoire du volcan.

Des pointes de roche déchirent le ciel, chaos de schiste et de granit.

Cinq phares érigés en sentinelles pointent du doigt la cruauté.

Errance des naufragés.

La nuit, Creac'h découpe la lumière en noir et blanc, entre ses lames, les écueils en stroboscopie .

Rouge, le sang. Navigue dans le blanc.

Autour de l'île s'entrechoquent les grands courants. Fromveur , Fromrust
². Dans les maëlstroms s'abolissent les illusions.

Marée haute, marée basse, grande lessive.

Tu erres dans l'île, dépouillé de toute identité.

Enez Eusa , terre à part, arche amarrée au bord du monde pour le jour du grand départ, quand aura disparu la mémoire de l'humain.

Uxisama³, chaudron où tourbillonne en borborygmes le magma rouge du renouveau.

D'ouest en est, du nord au sud, le visage de la déesse, et la courbe de l'horizon au fond des yeux.


 


 

1. Kornog : vent d'ouest en Breton.

2. Fromveur, courant violent au sud, traduit par « grand torrent ». Fromrust, courant au nord, rust veut dire « rude ».

3. Enez Eusa : Ouessant en Breton, vient du Gaulois Uxisama, « l'île la plus haute ».


 

© Mireille Le Liboux

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