samedi 23 avril 2011

Leçon d'écriture: Madame Bovary


Pour ma dernière année d'enseignement, je me suis fait le plaisir de mettre Madame Bovary dans la liste de bac. Avoir à commenter une oeuvre pur des élèves est le moyen privilégié d'y porter une attention soutenue, d'y découvrir ce qui peut passer inaperçu à la  simple lecture. Si on a tous quelque chose de Bovary, on n'a jamais fini de lire et relire Madame Bovary, le premier roman de Gustave Flaubert, qui lui a valu cinq années de souffrances et de doutes, de lutte contre sa nature profonde.
Je n'avais jamais porté mon attention, par exemple, à l'énonciation : ce "nous" du début qui disparaît ensuite  pour se retrouver implicitement à la fin du récit par l'utilisation du présent, comme si le narrateur prenait congé de son lecteur au présent.
J'ai relevé quelques citations au fil de la correspondance de l'auteur :

Extraits de lettres à Louise Colet, de Gustave Flaubert, à propos de l’écriture de Madame Bovary, dans Lettres II, La Pléiade

Toute la valeur de mon livre, s’il en a une, sera d’avoir su marcher droit sur un cheveu suspendu entre le double abîme du cynisme et du vulgaire (que je veux fondre dans une analyse narrative). (P.67)

L’artiste doit s’arranger de façon à faire croire à la postérité qu’il n’a pas vécu. (P.62)

Cette disposition à planer sur soi-même est peut-être la source de toute vertu. Elle vous enlève à la personnalité, loin de vous y retenir. Le comique arrivé à l’extrême, le comique qui ne fait pas rire, le lyrisme dans la blague, est pour moi tout ce qui me fait le plus envie comme écrivain. (P.85)

La forme est la sueur de la pensée. (P.145)

A mesure que l’humanité se perfectionne, l’homme se dégrade. (P.169)

Je suis à faire une conversation d’un jeune homme et d’une jeune dame sur la littérature, la mer, les montagnes, la musique, tous les sujets poétiques enfin. On pourrait la prendre au sérieux, et elle est d’une grande intention de grotesque. Ce sera, je crois, la première fois que l’on verra un livre qui se moque de sa jeune première et de son jeune premier. l’ironie n’enlève rien au pathétique. Elle l’outre au contraire. (P.172)

L’auteur, dans son œuvre, doit être comme Dieu dans l’univers, présent partout et visible nulle part. L’art étant une seconde nature, le créateur de cette nature-là doit agir par des procédés analogues : que l’on sente dans tus les atomes, à tous les aspects, une impassibilité cachée et infinie. ((P.204)

La forme est la chair-même de la pensée, comme la pensée en est l’âme, la vie. (P.286)

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