mercredi 21 juillet 2010

Iles


Extrait de mon parcours géopoétique, L'empreinte des cygnes.  
Je serai au Festival interceltique de Lorient les 10 et 14 août. 


Groix
  A Larmor, j'ai toujours l'île de Groix dans ma ligne d'horizon. Depuis la plage, apercevoir les Sables blancs est une invite à une escale sur l'autre rive. La nuit, l'éclat du phare de Pen Men ravive le rêve.
  31 octobre, embarquement sur le Saint-Tudy. Même pour un trajet si court, le bateau vous fait croire à l'aventure. Il suffit de regarder les passagers, appareils photos en action. Quant aux enfants, accrochés au bastingage, ils prennent leur envol.
Il fait un peu frais, on reste sur le pont, mais on ferme sa veste de quart rouge, on remonte sa capuche discrètement. Les amoureux se tiennent la main, on largue les amarres.
  Port Saint-Tudy.
Il faut monter au bourg, que personne ne nomme Loctudy en dehors du panneau indicateur. Un ancien café indique toujours sur sa façade : « Au repos de la montée », c'est dire l'effort à fournir, surtout si on fait une halte à mi-côte chez Ti Beudeff. J'arrive à La Grek, maison d'hôte.
La Grek, emblème de l'île, est cette grande cafetière qui autrefois, avant le Coca-Cola, et même le Breizh-Cola, vous gardait au coin de la cuisinière son café au chaud, pour ne jamais faillir à l'hospitalité du café-pain-beurre.
  Saint-Tudy, un thon sur le rond-point du port indique la direction, un thon sur le clocher de l'église indique d'où souffle le vent. Au bourg, le style des maçons italiens a imprimé sa marque sur les façades.
Pour manger, on peut choisir entre Vins et marées et Les Alizés.

 
Groix.
La pointe des Chats.
Kerampoulo
Locmaria
sables rouges
sables blancs
micaschistes à grenats.

 
Des plis de la roche
mise à nu par la vague
affleure la vérité
sous la peau de la pierre.

 
Grenats
ventricules ouverts
fleurs de sang
offertes au passant.

 
La pierre indifférente
à cette incandescence
statue de Bouddha.

 
Sur les rochers de Locmaria gisent les restes d'un cargo démantelé, découvert à marée basse. Les restes de ses membrures décharnées, éparpillés sur le plateau rocheux, évoquent le squelette de quelque animal monstrueux. Seul le vestige de la cabine de pilotage témoigne d'un passé qui fut humain. Peu à peu le métal travaillé par les hommes se dissout et se fond à la roche. L'usure du temps et des éléments le ramène à son état originel de minerai, le rend à la Terre. Algues et anatifes l'ont colonisé depuis longtemps, anticipant ainsi son retour aux origines.
Ainsi que le dit le peintre japonais Yasse Tabuchi :
  Avancer, c'est sans cesse retourner à ses propres origines*.
  A Locqueltas, le trou de l'Enfer, falaise verticale, vertige du vide. Pas envie d'y perdre son âme, même pour quelques pouces-pieds.
Rêves d'errance, dans la lande à bruyère vagabonde (erica vagans) qui ne pousse, en Bretagne, qu'à Groix et à Belle-Ile.
  Crehal, Quéhello, l'anse de Saint-Nicolas.
Kerlard, Kervédan, un menhir dans la lande.
Le camp des Gaulois.
  Le Trou du Tonnerre et le grand phare, Pen Men.
Tout près, dans la réserve naturelle, les cormorans se croient tout permis.
Sur la côte nord, depuis la pointe du Grognon, je cherche sur la rive d'en face, le clocher de Larmor.
Quelhuit, d'où Yann-Ber Calloc'h nous parle encore de Bretagne et de guerre.
« Me 'zo ganet e kreizh er mor
E bro Arvor. »
(Je suis né au milieu de la mer / Au pays d'Armor).

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