lundi 14 septembre 2009

Le pin, palimpseste de ma mémoire

    

              "Si tu veux connaître le pin, deviens le pin"
                                          Matsuo Bashô, cité par K. White

 

  Le pin, fidèle au vent, dessine le ciel du bout des doigts. Du milieu des terres, dans le chuintement de ses aiguilles, déjà, j'entendais la mer...




Ici
les pins
nourris d'essence de lumière
agrippés au rocher
enracinés dans presque rien
un peu de roche un peu de terre
tordus par le vent
parfois blessés
une branche cassée
énergisent
adoucissent
le paysage.
Ici
sur le promontoire rocheux
je vois
veilleur vigilant délimitant l'espace
le gardien du temple.
Voir
un peu de mer un peu de ciel
entre aiguilles et branches
c'est déjà voir autre chose
aplats de couleur
calligraphie
trait de pinceau sur la soie
dans un souffle
talisman.
Cadrer un bout de roche
une branche
quelques bouquets d'aiguilles luminescentes et voir
en surimpression
une panoplie de paysages
d'ici
d'ailleurs
oubliés
inventés
superposition d'impression et sentir
cette vibration
sentir
cette odeur légère de l'air
réminiscences
entendre ce frottement de soie mêlé
au friselis de l'eau
et la mer qui caresse
le rocher.

A Kerfany
 Publié dans L'Empreinte des cygnes. 
Anthologie Guy Allix

1 commentaire:

  1. en écho à votre poème, un autre poème à découvrir sur http://histoiresetautreshistoires.blogs.letelegramme.com/

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