Écriture, lecture, photographie, voyages. Membre du GPL, Groupe Photo Lorient. SIRET : 51421629000015
dimanche 25 novembre 2012
jeudi 15 novembre 2012
Nouvelle : la scène du puits de Lascaux
Nouvelle écrite sur le thème imposé du rêve en 2012 par le salon du livre de Riantec et qui n'a rien gagné, mais l'important est d'avoir eu du plaisir à l'écrire. Comme dit le sage, ce qui compte est d'être en chemin, pas d'arriver au but.
***
Le sanctuaire des rêves ou le mystère de la "scène du puits"
"Les travaux et les jours nous étaient offerts, nous avons choisi les travaux." Ralph Waldo Emerson.
Nous vivions
là depuis plusieurs générations. Après de longues errances, nos ancêtres avaient
enfin trouvé le lieu idéal et s’y étaient établis. La rivière encaissée nous
prodiguait l’eau pure à volonté et dès que fondait la glace, les poissons
abondaient. Les hautes falaises étaient creusées de nombreux abris naturels bien
situés. Dans la forêt touffue nous ramassions le bois pour nous chauffer et
cuire les aliments rapportés de nos cueillettes et de nos chasses.
À flanc de
falaise, les parois de pierre de la grotte souterraine étaient devenues notre
livre de mémoire. C’était là que nous inscrivions notre savoir du monde :
la vie et la mort, la naissance, l’enfance, la vieillesse. Les juments gravides
annonçaient le printemps, nous l’avions appris au fil du temps. C’est pourquoi
nos artistes ont peint, en suivant les cycles des saisons, comme une grande
horloge cosmique, les chevaux du printemps, les cerfs de l’automne puis les aurochs
de l’hiver. Ils dessinaient sur les parois les animaux sacrés, les esprits de
la Terre. Les femmes elles aussi étaient sacrées, car elles donnaient la vie,
insufflée en elles par les esprits, perpétuant ainsi notre nouvelle race
d’Hommes.
Moi qui vous
parle du temps où je vivais sur cette terre dans la force de ma jeunesse,
j’avais la mission sacrée de chasser le Renne quand la nourriture venait à
manquer. Vos sorciers, les archéologues, ne cessent d’interroger cette peinture
qu’ils ont trouvée dans le puits, au fond de notre sanctuaire. Il est temps que
je vous apprenne ce qui s’est passé cette nuit-là. Quand je dis « je vous
parle », ce n’est pas la vérité, je vous transmets ma pensée que vous
traduisez, sans vous en rendre compte, par vos propres mots, dans un rêve
éveillé.
C’était l’hiver, on ne pouvait
plus pêcher dans la rivière gelée, les petits animaux de la forêt avaient
disparu, nos enfants avaient faim. Notre grand Sage, celui que vous nommez
Shaman, avait étudié la lune et les présages, le moment était venu. Selon la
coutume, je me suis retiré pendant sept jours et sept nuits dans l’abri isolé
loin du village, pour communier avec l’esprit de mon animal-totem, celui qui
allait m’habiter, m’insuffler son courage et son énergie virile. J’avais
fabriqué mes javelots et mes pointes de sagaies. Le Shaman était la seule
personne qui avait le droit de me visiter, il avait béni mes armes selon le
rituel et m’avait donné à boire la décoction de plantes qui fait venir le Grand
Esprit.
Cette nuit-là, j’ai eu une
vision de mort qui m’a glacé les os. J’ai d’abord vu le bâton surmonté du Grand
Tétra, emblème de notre Shaman. Puis est apparu mon animal-esprit, le Bison, transpercé
de haut en bas par un javelot. De son ventre béant pendaient ses entrailles
comme un sexe monstrueux ; le bison blessé ne me regardait plus, mais
tournait la tête, et fixait, étonné, la masse gluante qui coulait de son
ventre, comme viennent les petits au monde. Puis le masque du Grand Tétra a
recouvert ma tête, je suis devenu l’oiseau et me suis senti aspiré vers le
ciel, mon corps devenant léger et fin comme une de ses plumes. Mon sexe était
dressé, dirigé vers le Bison, comme si c’était la pointe de mon javelot.
Mon rêve était-il un mauvais
présage ? J’étais inquiet car je devais partir le lendemain, seul, dans la
forêt profonde. Le Shaman avait le pouvoir d’interpréter mon rêve. Il fallait
que je le voie. Lors de sa visite quotidienne, je lui ai décrit ma vision de la
nuit. Il a consulté les oracles et donné la réponse :
« Sois sans crainte.
L’esprit du Bison t’a choisi pour t’avertir, et transmettre la connaissance à
tous ceux de notre race, les Hommes. Le cycle de la vie est sacré. Le Renne est
là pour nourrir les Hommes et permettre aux femmes d’enfanter de générations en
générations. Mais il n’appartient pas aux Hommes de détruire la vie hors de
cette nécessité sous peine de grands malheurs. Tu vas partir en chasse pour le
bien de notre tribu mais tu dois faire bien attention. Tu ne dois tuer qu’un
grand mâle adulte ayant déjà procréé, tu le reconnaîtras à la hauteur de ses
bois. Surtout, laisse la vie sauve aux femelles, elles vont mettre bas au
printemps. À cette condition, ta vie sera préservée et il en sera de même
maintenant et à jamais : l’Homme, comme les autres animaux, ne doit
prélever chez notre mère la Nature, que le strict nécessaire à la perpétuation
de notre espèce. L’oracle dit aussi que ce message doit être transmis aux générations
futures et pour cela doit être inscrit dans un endroit secret et protégé. Nous
devons aller inscrire ton rêve sur la paroi du puits, au fond de notre
sanctuaire, pour le futur de l’Humanité. »
Alors, nous avons pris nos
lampes à graisse, (je n’ai pas oublié la plus belle, celle que j’ai taillée
dans un œuf de grès rose trouvé au bord de la rivière), et nous sommes partis
dans la grotte aux peintures. Après avoir traversé la grande salle où sont
peints les taureaux, nous avons suivi le passage jusqu’au puits, le lieu de nos
secrets les mieux gardés. Dans la chaleur de l’été, on ne peut y rester, vous
dites que c’est à cause du gaz qui s'en dégage. Heureusement, c’était l’hiver,
et même si nos lampes devaient être rallumées souvent, et si nous devions régulièrement
grimper notre échelle de corde végétale pour respirer en haut du puits, nous
avons eu le temps d’inscrire mon rêve sur la paroi.
Nous avons préparé les
pigments dilués dans l’eau. J’ai laissé à notre grand Sage, comme c’est
l’usage, le travail au pinceau. Il a d’abord peint son emblème, le bâton au
Grand Tétra, puis la tête et les entrailles pendantes du Bison, le haut de mon
corps de rêveur, le masque d’oiseau posé sur les épaules. Pour vous aider, vous
des siècles futurs, à lire la Scène du puits, il a tracé des flèches à
suivre du regard : la lance qui traverse le Bison de la droite vers le
bas, une sagaie en bas montre l’oiseau, puis l’envol du rêveur, pointé par ses
bras formant une flèche montrant le haut du puits.
Puis ce fut à mon tour. J’ai
empli ma bouche de pigments dilués, puis je les ai projetés doucement pour
former la crinière et les pattes du Bison. J’ai terminé par deux longs traits
figurant les jambes du rêveur homme-oiseau, deux traits en pointes de sagaie
pour les pieds dirigés vers le Bison et un trait identique et parallèle pour le
sexe, force virile du chasseur. C’est ainsi que les hommes rêvent. Je n’ai pas
oublié de déposer une sagaie et ma lampe rose au fond du puits, en même temps
que mon rêve. À la chasse le lendemain, le Grand Esprit serait avec moi.
Cela s’est passé il y a
bientôt vingt mille ans. D’où je suis aujourd’hui, je vous vois, vous les
sorciers du monde moderne, vous perdre en conjectures sur les peintures de
Lascaux, le nom que vous donnez à notre
grotte des rêves. Votre cupidité a bien failli faire disparaître à tout jamais
la mémoire de l’humanité que nous vous avons laissée en dépôt. Heureusement,
vous l’avez sauvée de justesse.
Ce que nous avions à vous dire
était simple : respectez la nature, les Hommes en font partie, blesser la
Terre-Mère, c’est se condamner à disparaître. Je vous le dis, mes frères
lointains, vous êtes en grand danger car c’est plus fort que vous, vous ne
savez qu’exploiter et détruire le monde qui vous est offert. Du haut du ciel, je
vois poindre la fin de notre race. Cela commence avec la mort des abeilles. La
vôtre suivra. Quand vous mourrez, vous, la race des Hommes, je mourrai avec
vous, moi qui étais l’un des premiers de notre lignée. Mais la mort fait partie
de la vie, celle des individus comme celle des espèces. Alors inutile de
pleurer.
Ma consolation est l’espoir
que nous donnerons naissance à d’autres étoiles et à des mondes meilleurs.
mardi 6 novembre 2012
Entrée dans l'anthologie en ligne Ghislaine Lejard
Je viens d'entrer dans l'anthologie de Ghislaine Lejard, poète et collagiste, membre de l'Association des Ecrivains Bretons :
http://ghislainelejard.blogspot.fr/p/anthologie_30.html
Les nouveautés du blog: novembre
2 news
coups de cœur pour:
Les éditions La Porte
Un collage de Yves Perrine
Un recueil de Jean Le Boël
L'anthologie accueille Mireille Le Liboux qui a composé 2 poèmes pour un collage, pour lire le deuxième consultez son blog:mireilleleliboux.blogspot.com/ samedi 3 novembre.
À découvrir 2 nouvelles citations (Yves Moulet et Daniel Briolet)
http://ghislainelejard.blogspot.fr/p/anthologie_30.html
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coups de cœur pour:
Les éditions La Porte
Un collage de Yves Perrine
Un recueil de Jean Le Boël
L'anthologie accueille Mireille Le Liboux qui a composé 2 poèmes pour un collage, pour lire le deuxième consultez son blog:mireilleleliboux.blogspot.com/ samedi 3 novembre.
À découvrir 2 nouvelles citations (Yves Moulet et Daniel Briolet)
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lundi 5 novembre 2012
Je n'irai pas voir la mer aujourd'hui
Derrière la vitre la pluie tombe
en rafales glacées
je relis un poème oublié
de Sôseki :
"Les hommes meurent
les hommes vivent
passent les oies sauvages"
Haïkus de Sôseki
A la question : "Qu'est-ce qu'un haïku ?", la réponse fut la suivante : en premier lieu, le haïku est un concentré de rhétorique, en second lieu, il est un univers irradiant à partir d'un point focal, comme le rivet d'un éventail qui permet de maintenir ensemble toutes ses branches.
Akiyama Yutaka, Sôseki Haïkus, éditions Philippe Picquier 2001
Akiyama Yutaka, Sôseki Haïkus, éditions Philippe Picquier 2001
samedi 3 novembre 2012
Collage Ghislaine Lejard |
Montagnes et
mamelons
D’un bout à l’autre de
la planète
dès qu’une montagne
est arrondie
les hommes ne peuvent
s’empêcher
d’y voir le souvenir
d’un sein
l’image d’un mamelon
en Europe, en Afrique,
en Ecosse
où le poète
adolescent
Kenneth White suçait
la poésie
aux mamelons de
Fairlie
et même dans l’Inde
pudique
où depuis Coonor dans
les Nilgiri
ces deux montagnes au
loin
ont pour nom
Lady sleeping.
Texte : Mireille Le Liboux
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